La clé de la transition est la décroissance personnelle : comment apprendre à gagner moins pour devenir plus libre
Par Auma Yoga –
Auma, ce n’est pas seulement une pratique de yoga. C’est une pratique d’alignement intérieur, pour vivre en harmonie et apporter sa contribution à un monde meilleur. Car ce que nous faisons à l’échelle individuelle a un impact sur le monde que nous co-construisons. Chaque choix personnel est aussi un geste politique, écologique, spirituel.
Aujourd’hui, nous allons donc parler d’une étape difficile dans la transition : la gestion de son niveau de vie.
Quand on gagne bien, ou même modérément, sa vie, on est souvent, sans le savoir, coincé dans un système qui nous pousse à vouloir toujours plus, à consommer toujours davantage. Pire : pour certains, l’argent permet de se maintenir au bord du système sans trop d’efforts : l’école publique se dégrade ? On paie une école Montessori. Les voitures polluent ? On achète une voiture électrique. L’alimentation est industrielle ? On passe au bio. L’eau du robinet est douteuse ? On installe un super filtre à 400 €. Le monde devient incertain ? On fait construire un bunker, comme les ultra-riches…
La richesse semble apporter des solutions, mais ce ne sont que des pansements de luxe, qui, souvent, aggravent la crise que nous traversons. Et au fond, on sait bien que ce n’est pas là que se trouve la réponse.
Pire encore : l’argent nous attache à un niveau de vie dont il devient ensuite difficile de se détacher. Le système repose sur une idée simple mais profondément ancrée : il faudrait toujours gagner plus. Et si vous n’êtes pas dans cette trajectoire ascendante et linéaire, alors vous avez "raté" votre vie. C’est le message transmis par les banques, les simulateurs de retraite, les employeurs, la société dans son ensemble. Pas d’arrêt. Pas de pause. Et surtout pas de décroissance.
Cela ne poserait peut-être pas de problème si la société allait dans la bonne direction : si elle protégeait l’humain et le vivant, si elle offrait du sens à chacun, si elle était juste, équitable, durable. Mais ce n’est ni le cas aujourd’hui, ni ce qu’on peut raisonnablement espérer pour demain.
Et pourtant, nous continuons à faire tourner la méga-machine, non par envie, mais par nécessité : pour nourrir une famille, maintenir un certain confort, satisfaire un ego, combler des frustrations… Le tout alimenté par la publicité, les médias, les algorithmes, les normes sociales.
Pourtant, au fond de nous, l’envie est souvent tout autre : protéger la planète, les êtres vivants, nos enfants, notre avenir.
La question fondamentale qui se pose est alors : comment concilier un niveau de vie suffisant et une vie alignée avec ses valeurs ?
C’est une question centrale dans toute démarche de transition. Nous n’avons pas toutes les réponses, et peut-être pas les bonnes pour chacun, mais nous souhaitons ici proposer quelques pistes pragmatiques, loin des discours abstraits de certains penseurs contemporains, néanmoins indispensables à la prise de conscience actuelle. Car si leurs voix nous inspirent, elles offrent rarement un chemin concret, applicable à celles et ceux qui veulent à la fois survivre et s’épanouir.
Phase 1 : Prendre conscience de sa cage dorée
La première étape que nous proposons est de voir la cage, et de décider d’en sortir. Car tant qu’on ne la voit pas, on ne peut pas s’en libérer. Prenez le temps de faire un portrait sincère de votre situation : financier, émotionnel, relationnel, spirituel. Voici quelques questions pour amorcer ce travail : Quelles sont mes dépenses superflues aujourd’hui ? De combien ai-je réellement besoin pour vivre dignement ? Sur quels postes pourrais-je faire des économies sans perdre en qualité de vie ? Les personnes qui m’entourent soutiendraient-elles mon choix ou m’en détourneraient-elles ? Comment leur parler de mon besoin de changement ? Quelle est ma définition du succès ? Où est ma valeur ? Où vais-je chercher (ou retrouver) le sens de ma vie ? Ce travail d’introspection est fondamental. C’est la carte de départ, le point d’ancrage de toute transformation.
Phase 2 : Intégrer de nouvelles pratiques pour réapprendre à vivre autrement
Vient ensuite une phase plus douce, plus progressive : celle où l’on réintègre des pratiques essentielles qui nous permettent de nous reconnecter à notre humanité, au vivant, à l’autonomie, au réel. Cela peut commencer simplement : réapprendre à cuisiner soi-même avec des produits bruts, réparer ses objets plutôt que les remplacer, créer un potager sur son balcon, méditer au lieu de scroller, partager ses ressources au lieu de tout posséder, s’organiser pour travailler moins, remettre du silence, de l’espace, de la lenteur dans ses journées. Petit à petit, on consomme moins, on vit mieux, et on commence à s’épanouir autrement : dans la simplicité, la cohérence, l’alignement. Nous détaillerons ces pratiques dans un autre article. Mais l’essentiel ici est de comprendre que cette transition peut, et doit, se faire en douceur sans a-coups.
Phase 3 : Se détacher du système et transmettre
Enfin, la dernière étape est celle du détachement. Pas une fuite, ni un repli, mais un repositionnement conscient. Lorsque l’on a reconquis une forme d’autonomie, lorsque l’on s’est réapproprié les bases d’une vie simple et pleine, alors on peut choisir librement sa voie. Et surtout : la partager, inspirer, transmettre. C’est ainsi que naît une transition véritable, pas seulement individuelle, mais collective.
Cette transition ne doit pas être faite dans la précipitation. Ces trois phases peuvent prendre des années, parfois une décennie. L’important est de l’amorcer quand on se sent prêt. C’est un chemin de réconciliation. Avec soi. Avec les autres. Et avec le vivant. Et le yoga est un excellent pilier dans cette démarche.