Yoga & Effondrement : une réponse intérieure
Par Sûna –
Il y a deux sujets qui me captivent actuellement : le yoga, et l’effondrement civilisationnel.
Curieusement, le premier amène une réponse au second.
Le yoga, dans son essence la plus traditionnelle, est une voie de retour à l’essentiel. Il nous apprend à vivre avec moins, à ralentir, à observer, à cultiver la paix intérieure, à reconnaître l’impermanence, à nous relier au vivant, et à dépasser l’ego. Autant de clés face aux enjeux d’un effondrement civilisationnel qui découle souvent d’un excès : consommation, vitesse, individualisme, déconnexion du corps, de la nature et des autres.
L’effondrement, qu’il soit déjà là ou à venir, nous confronte brutalement à nos illusions de contrôle et de croissance infinie. Il impose de revoir nos modes de vie, de nous réadapter à la contrainte, à la simplicité, à l’interdépendance. Il exige une forme de résilience : physique, mentale, collective.
Et le yoga, justement, est une école de résilience.
C’est comme si, dans ce monde qui vacille, le yoga n’était pas un luxe ou un bien-être de confort, mais une pratique de survie intérieure. Il ne s’oppose pas au chaos par la force, mais par la conscience.
L’effondrement civilisationnel, que l'on l’envisage à travers la collapsologie, la dégradation écologique, le burn-out collectif ou l’implosion de nos systèmes sociaux, est souvent abordé sous l’angle de la peur, de l’urgence, de l’analyse systémique ou parfois, de la préparation matérielle (permaculture, autonomie, repli).
Le yoga, en revanche, évoque une quête intérieure, lente, silencieuse. Il parle de libération (moksha), de retour à l’être, d’union avec le tout. Il agit souvent à l’échelle individuelle, presque intime.
Et si le yoga, dans son sens le plus profond, était une pratique de préparation à l’effondrement, non pas pour fuir, mais pour habiter pleinement ce moment de bascule avec clarté, dignité, et engagement ?
Ce que le yoga offre, c’est un entraînement :
- À la simplicité volontaire et au non-attachement (aparigraha) : apprendre à vivre avec moins, sans peur.
- À la résilience du corps : un corps souple, présent, enraciné résiste mieux à la douleur, à l’inconfort, au stress.
- À la résilience mentale et spirituelle : par la méditation, le silence, le retour au sens.
- À la conscience du vivant : se sentir relié, appartenant, et non dominant.
- À la solidarité : par le yoga du lien (karma yoga, bhakti yoga), en réponse à l’individualisme et à l’isolement.
Ces principes sont anciens, et pourtant profondément actuels.
Le Bhagavad Gita, par exemple, nous rappelle que l’on peut agir dans le monde sans s’attacher aux résultats. Les Yamas et Niyamas tracent les contours d’une éthique de vie juste, sobre, respectueuse, même dans un monde qui ne l’est pas.
Et maintenant ?
Je ne prétends pas que le yoga résoudra tout, mais je suis convaincue qu’il peut nous aider à tenir, à rester debout, dignes, conscients et à ne pas céder à la panique, ni au cynisme.
Il peut nous offrir des valeurs essentielles et un guide de vie, comme une boussole intérieure, précieuse quand les cartes du monde commencent à brûler.