Manger moins, dormir mieux : un rappel du corps
Par Sûna –
Après avoir été malade récemment, j’ai savouré le simple fait d’aller mieux, de revivre même. Chaque fois que la maladie me cloue au lit, la même évidence revient : la santé est un trésor. Mais cette fois, j’ai pu constater qu’en mangeant moins, et malgré la faiblesse, je me sentais plus légère, plus éveillée, plus motivée dans mon travail.
Un regard biologique
Le corps humain s’est façonné pendant des millénaires dans un contexte où la nourriture abondante était rare et où le sommeil était souvent fragmenté. Il est donc naturellement adapté à fonctionner avec des apports alimentaires modérés. Aujourd’hui, nous avons l’avantage de pouvoir y ajouter un sommeil de qualité et continu, qui vient renforcer encore davantage notre vitalité.
- Moins manger : la restriction calorique légère et le jeûne intermittent activent l’autophagie, un processus par lequel nos cellules recyclent leurs composants abîmés, ce qui ralentit le vieillissement et favorise la régénération. Manger moins réduit aussi l’inflammation chronique, améliore la sensibilité à l’insuline, et libère de l’énergie que la digestion aurait consommée.
- Bien dormir : le sommeil profond régule nos hormones (cortisol, leptine, ghréline), recharge nos systèmes nerveux et immunitaires, et restaure la plasticité cérébrale. Sans sommeil, même une alimentation parfaite perd ses bénéfices.
- L’interaction : quand on mange léger, on s’endort plus facilement, on dort plus profondément, et on se réveille plus alerte. C’est un cercle vertueux qui optimise nos cycles biologiques.
En somme, ces deux piliers agissent comme une « mise à jour » régulière pour le corps et l’esprit.
Un regard yogique
Cette expérience illustre deux enseignements anciens, transmis par le sage Patañjali dans ses Yoga Sūtra, il y a environ deux mille ans. Dans ce texte fondateur, il décrit huit « membres » du yoga, un chemin qui va de la discipline morale à la méditation profonde. Les Yamas (principes éthiques) et les Niyamas (disciplines personnelles) en sont les deux premières étapes.
- Aparigraha (l’un des cinq Yamas) signifie ne pas accumuler et se détacher du superflu. Cela ne concerne pas seulement les objets, mais aussi la nourriture, les pensées, les relations… Alléger, c’est créer de l’espace pour ce qui compte vraiment.
- Santosha (l’un des cinq Niyamas) est le contentement, cette satisfaction profonde qui naît quand on cesse de chercher ailleurs ce que l’on peut trouver en soi. C’est accueillir chaque instant tel qu’il est, sans résistance ni avidité.
Ces deux principes s’entrelacent : en réduisant l’excès (Aparigraha), on crée les conditions pour ressentir le contentement (Santosha). Et Santosha nous aide, en retour, à ne pas retomber dans la quête incessante du « plus ».
En pratiquant moins de nourriture et plus de repos, sans vraiment le vouloir, j’ai l’impression d’avoir touché quelque chose de cette énergie claire et stable. Mais je sais que, dans le monde d’aujourd’hui, saturé de sollicitations et d’abondance facile, cet état ne dure pas sans intention. Il demande une discipline douce mais régulière (ce que le yoga appelle Tapas) pour que le corps et l’esprit restent clairs, libres et pleinement vivants.