Premiers mots

Par Sûna –

Si je devais remonter au commencement d’Auma, je dirais que tout a commencé sur un tapis, il y a une quinzaine d’années. C’était un cours de yoga “physique”, comme on en trouve tant aujourd’hui, presque la seule expression visible de cette pratique lorsqu’on la cherche. Je me souviens parfaitement de ce premier cours : intense, acrobatique, presque impossible. Pour une raison obscure, j’ai continué.

Au fil du temps, le souffle s’est ralenti. D’autres formes de yoga ont émergé dans ma vie. Les gestes sont devenus plus simples, plus essentiels. Et peu à peu, la pratique corporelle a laissé place à d’autres dimensions : une attention plus fine, une recherche intérieure, la méditation, la concentration.

Ce que l’on appelle encore “yoga” est devenu pour moi un chemin d’écoute, de silence, de connaissance. Une philosophie ancienne, vaste et subtile, y a trouvé sa place. Progressivement, elle a transformé mon regard sur le monde.

Pendant ce temps, dehors, le rythme s’est emballé. Le vacarme a grandi. Nos vies sont devenues morcelées, nos journées saturées. Les connexions numériques se sont multipliées, mais les véritables connexions, elles, se sont faites plus rares. La nature est devenue, au mieux, un décor; au pire, une ressource exploitée. Nous avons oublié qu’elle était un allié.

Face à ce décalage grandissant, j’ai ressenti le besoin d’un souffle nouveau. Quelque chose qui me permette de tenir, de garder un cap, de retrouver d’autres personnes sur le chemin, et peut-être d’en emmener d'autres avec nous. S’exprimait en moi un besoin viscéral de trouver une direction, une réponse à l’opposé du monde actuel, mais sans pour autant tout effacer. N’en garder que le meilleur, pour trouver l’Harmonie. Une tentative d’habiter ce monde autrement, de façon imparfaite, irrationnelle, mais poétique et tellement humaine.

Que ce Journal soit une trace de cette tentative. Une manière d’honorer la vie autrement, pas à pas, vers l'Harmonie.